Les soldats du XVIe siècle
Une cohabitation difficile
Légende: « Ruse de guerre des Canadiens » par A. Thévet, publié en 1575
Légende: Visionner le multimédia - Voyages de Jacques Cartier
Enfin, en mai 1541, on met les voiles. Jacques Cartier part le premier. Il y a probablement, sur ses cinq navires, une compagnie de soldats. Arrivé à ce qui est maintenant Québec, et qu'il nomme Charlesbourg-Royal, il fait construire deux forts, l'un au pied du cap Rouge et l'autre, sans doute plus petit, au sommet, car l'endroit commande toute la région. On se met à l'œuvre rapidement. Tandis que les uns s'installent et commencent à cultiver la terre, les autres partent explorer. Ils découvrent bientôt ce qu'ils croient être de l'or, de l'argent et des diamants - l'eldorado français ! Malheureusement, les relations se gâtent avec les Amérindiens iroquoiens. De cordiales qu'elles étaient au début, elles se font ouvertement hostiles durant l'hivernement de 1541-1542. Ceux-ci se vanteront même à des pêcheurs espagnols d'avoir tué quelque 35 Français. La situation est suffisamment sérieuse pour que Cartier abandonne Charlesbourg-Royal. En juin 1542, il retourne en France avec ce qu'il lui reste de monde. Et avec ses trésors...
Parti à son tour, en 1542, Roberval vogue vers le Canada avec trois navires. Y ont pris place 200 personnes dont quelques gentilshommes. Mais voilà qu'en arrivant à Terre-Neuve, à l'emplacement de la ville actuelle de St. John's, il croise Cartier toutes voiles vers la France ! Il a beau lui faire valoir que les Français possèdent maintenant des forces suffisantes pour pouvoir affronter les Amérindiens, et lui ordonner de retourner au Canada, la soif de l'or et de la gloire ont gain de cause sur le sens du devoir. À la faveur de la nuit, Cartier se sauve pour rentrer à Saint-Malo où l'attend une grosse déception : ses trésors ne sont que des cailloux ! De plus, sans doute parce qu'il a désobéi à Roberval, plus jamais le roi de France ne lui confiera le commandement d'une expédition.
Malgré l'abandon de Cartier, Roberval continue sa route et arrive à son tour à la hauteur de Québec. Les fortifications érigées l'année précédente semblent avoir été rasées, car il lui faut tout reconstruire à neuf. Un fort « d'une grande force, situé sur une montagne », et comportant « une grosse tour » et des corps de logis, se dresse bientôt au sommet du cap Rouge. Un autre est édifié au pied de la dite montagne, « dont une partie formoit une tour à deux étages, avec deux
bons corps de logis » 23. Le nouvel établissement est baptisé France-Roy. Les Amérindiens ne semblent pas trop hostiles à ce nouveau contingent, mais ils se tiennent à l'écart. Durant l'hiver de 1542-1543, le scorbut frappe : le quart des Français succombe à l'épidémie. Sa colonie décimée, n'ayant pas trouvé d'or, Roberval abandonne lui aussi et les survivants sont de retour en France au début de septembre 1543.
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