La démobilisation
La revue annuelle de la milice du Haut-Canada
Légende: Le capitaine George Denison, York Dragoons, années 1820
Pour chaque volontaire en uniforme et armé qui s'enrôle, des dizaines d'autres citoyens délaissent une milice qui est en train de devenir un club social réservé aux bien-pensants de leur comté. La plupart se contentent de se présenter à la revue annuelle de la milice sédentaire, événement naguère relativement sérieux, mais qui, sous l'effet de ce nouvel esprit, se transforme en une sorte de fête champêtre, pour ne pas dire en un véritable cirque.
Le 4 juin de chaque année, le régiment de milice s'assemble donc dans un pré. Mais peut-on parler de régiment ? Il s'agit plutôt d'une bande hétéroclite d'hommes, habillés de toutes les façons imaginables, et armés de fourches, de bâtons, de parapluies... et même de vieux fusils ! Les officiers, pour leur part, font de leur mieux pour avoir l'air d'officiers, tout en essayant de ne pas trébucher sur le fourreau de leur épée ! Après avoir séparé les hommes par groupes - par exemple, ceux qui sont armés de parapluies formant un groupe, ceux qui ont de vieux fusils de chasse en formant un autre - on tente de leur faire exécuter des manœuvres. Il en résulte habituellement un chassé-croisé de groupes allant et venant dans toutes les directions, au grand désespoir des officiers qui s'époumonent à crier des ordres que personne n'écoute... ou n'entend. Car dans les rangs, on lance des blagues, on rit et on discute à qui mieux mieux. Pour finir, les hommes vont étancher leur soif en terminant la journée passablement éméchés, et intimement convaincus qu'un Canadien vaut 10 Yankees ! Parfois, l'alcool aidant, une dispute éclate et l'assemblée se termine en bagarre générale...
- Date de modification :