Les soldats du XVIe siècle

Les soldats de Cartier et de Roberval

Une présence militaire croissante

Roberval et ses soldats en Nouvelle-France, 1542

Légende: Roberval et ses soldats en Nouvelle-France, 1542

Visionner le multimédia - Voyages de Jacques Cartier

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À son premier voyage, en 1534, Jacques Cartier ne semble pas avoir emmené de soldats de métier ni de gentilshommes autres que ses officiers. Cependant, il y a certainement au moins un canonnier parmi l'équipage de ses deux navires, car on tire du canon. La relation du second voyage, l'année suivante, mentionne qu'il y a à bord « tous les gentilshommes » de l'expédition et des soldats. Ils sont si bien armés que le chef Donnacona s'inquiète, lorsqu'ils descendent à terre, de ce que « le capitaine et ses gens portaient tant de bastons de guerre » alors que les Amérindiens n'en avaient aucun. Ces « bastons de guerre » étaient probablement des piques et des hallebardes. C'est que les Français sont sur leurs gardes. Ils ne se rendront à Hochelaga que menés par « le capitaine et les gentilshommes et 25 soldats bien armés » 17. De plus, lorsqu'ils décident d'hiverner au Canada, cette même année, pour la première fois, comme ils craignent « quelque trahison » de la part des Amérindiens, ils érigent un petit fort « tout clos de grosses pièces de bois plantées debout (...) et tout alentour garni d'artillerie ». Ils le renforcent, en sus, « de gros fossés, larges et profonds, avec porte à pont-levis » 18.

Les considérations d'ordre militaires, jusque-là limitées à l'essentiel, revêtiront leur pleine importance lorsque Cartier entreprendra son troisième voyage au Canada, quelques années plus tard, en compagnie du sieur de Roberval. Le but visé, cette fois, n'est pas seulement l'exploration, mais la colonisation. Un projet, rédigé par Cartier à cette époque, mentionne qu'il lui faut « 40 hommes de guerre Harquebuziers » 19. En avril 1541, toutefois, un espion à la solde de l'Espagne, posté à Saint-Malo, observe que les préparatifs laissent supposer une expédition beaucoup plus importante. Le sieur de Roberval, rapporte-t-il, commande 300 « hommes de guerre », le capitaine Jacques Cartier est à la tête de 400 marins et de 20 maîtres pilotes, et il y aura à bord quelque 160 gentilshommes. Sans parler des artisans, ouvriers et autres personnes de métier nécessaires à l'établissement d'une future colonie. Au total, quelque « 800 à 900 personnes » 20 De plus, ces soldats sont armés, dit-il, d'arquebuses et d'arbalètes et ont aussi des « rondelles », c'est-à-dire des petits boucliers ronds. Il avance des chiffres : 400 arquebuses, 200 arbalètes, 200 « rondelles », et plus de 1 000 piques et hallebardes. Il y aurait aussi plusieurs pièces d'artillerie. Bref, de quoi armer non seulement les soldats et les gentilshommes, mais même les marins et les futurs colons.

Images additionnelles

Jacques Cartier ordonnant des tirs de canon pour impressonner les Indiens
Jacques Cartier prend possession du Canada au nom de la France, 1534
Une « rondelle » du XVIe siècle